Fev. 2014 - Départ pour
Reykjavik via Paris et Londres. Je choisis de passer par Paris et
rendre
visite à ma fille. Le voyage aller est long et éprouvant (une nuit
d'attente dans l'aérogare de Luton). Le vol direct Genève-Reykjavik
n'est
pas encore d'actualité.
Le 24 février en fin de matinée, je
foule enfin le sol d'Islande. Olivier vient m'accueillir et nous
prenons la route. Comme souvent, le vent est tempétueux au dessus de
Gullfoss, je profite du paysage avec les yeux. L'activité aurorale est
peu engageante ce premier soir, mais un événement égaye notre soirée :
une éruption de classe X laisse augurer une éventuelle tempête
géomagnétique les jours suivants.
Les premiers
jours du séjour, les aurores sont plutôt faibles. Je saisis
l'opportunité pour
mieux cerner et reconnaitre le phénomène à l'oeil nu. En effet, en
Islande, le fond auroral est presque toujours présent. Il est ténu mais
visible pour l'oeil expérimenté. Une pose photographique assez
longue révèle le voile vert, pourpre parfois. Plusieurs fois dans la
nuit, l'intensité du phénomène augmente, dans une sorte de paroxysme
qui dure quelques minutes.
CS2014_D6A5530 - Aurore boréale
Pingvellir - Islande - fevrier 2014
Suite au Flare X4.9 du 25 février 2014, le
CME
arrive le 28 février en fin d'après midi. Nous sommes postés
dans la plaine, face au Vatnajokull. Peu avant le crépuscule, nous
distinguons déjà la danse des lumières au zénith. La soirée est fort
prometteuse.
Photo CS2014_D6A6688 - Aurore boréale
à l'heure bleue
Islande, février 2014
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"X-FLARE!
Returning sunspot AR1967 unleashed a powerful X4.9-class solar flare on
Feb. 25th at 00:49 UTC. This is the most intense flare of 2014 so far,
and one of the most intense of the current solar cycle." |
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Le
crépuscule venant, la pose révèle des couleurs vertes, pourpres,
bleus, etc. Puis le ciel s'assombrit. Le spectacle est saisissant. Les
lumières du nord occupent la totalité du ciel. De fines colonnes
lumineuses semblent converger vers un point du zénith. L'intensité du
phénomène se renforce. Il fait nuit, les couleurs apparaissent à l'oeil
nu, les tons pourpres d'abord, puis lorsque le phénomène devient
intense, les tons verts. De fines
draperies vert pâle et pourpre apparaissent de façon plus distincte
dans certaines zones du ciel et les lumières semblent danser, lorsque
soudain le phénomène devient encore plus intense. D'immenses draperies
se
dessinent sous nos yeux. Une pose photo de quelques secondes à 3200
isos révèle la finesse des rayons de lumière. Une pose photo un
peu plus longue, de 8 à 10s fige le mouvement et trace
d'immenses formes géométriques. *matériel et réglages
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CS2014_D6A7645
- La
route des aurores
boréales
Les chauffeurs routiers profitent du spectacle
sur la route N°1 - Islande - fevrier 2014
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CS2014_D6A7236 "Papillon de
lumière"
Islande - fevrier 2014
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Le
Jokulsarlon (Jökulsárlón), ce lac
glaciaire réputé du sud de l'Islande, est aussi un
des hauts-lieux de la chasse aux aurores boréales. Et tout
naturellement, depuis la plaine à l'ouest du Vatnajokull, nous
parcourons quelques dizaines de kilomètres sous les northern lights
pour
profiter du mythique spectacle. Sur le lac, des aurores aux teintes
pourpres dansent, lorsque soudain une lumière forte et inhabituelle
rempli le ciel en direction du sud. Je pointe mon objectif en direction
de l'océan, avec le pont du Jokulsarlon dans le cadre. Les phares d'une
voiture illuminent la structure. C'est une de mes captures
préférées pour cette première saison aurorale. Je comprends
enfin la signification du terme : effet
cathédrale.
Quelques
dizaines de minutes plus tard, apparait une aurore d'une
luminosité telle que les premières captures sont surexposées. Toutes
les
images de cette série sont conformes aux couleurs que j'ai pu voir avec
mes yeux. Il ne manque que la perspective 3D, étourdissante, lorsque
l'effet cathédrale est présent. |
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CS2014_D6A8232
- Aurore
boréale et pont du
Jökulsarlon
- Islande - fevrier 2014
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CS2014_D6A8358 Aurore boréale
intense et pont
du Jökulsarlon -
Islande - fevrier 2014
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Les
aurores boréales perdent de leur vigueur après 4h du matin. Les nuits
sont courtes mais restent consistantes. Ce qui laisse le loisir au
chasseur d'aurores boréales de se repositionner et de profiter des
paysage diurnes.
La route qui
mène au plus grand glacier d'Islande : une ligne droite interminable.
De jour, on découvre la magnificence du Lac glaciaire Jökulsárlón, un
des lieux les
plus exceptionnels d'Islande. Des bouts de glacier se détachent et
deviennent des
icebergs, puis rejoignent la mer par un petit canal, au gré des
marées. |
CS2014_D7A7630 - Route N°1 face
au glacier
Vatnajokull -
Islande - fevrier 2014
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CS2014_D7A0979 - Photographes en
action sur le
Jökulsarlon -
Islande - fevrier 2014
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Chasser les
lumières boréales c'est aussi et surtout chasser le beau temps, partir
à la recherche de ce petit bout de ciel bleu qui laissera apparaitre
les étoiles, une fois la nuit venue. Dans les pays au relief tourmenté,
on recherche les zones à foehn, et parfois... il est à l'autre bout du
pays ! L'Islande n'est pas le cas le plus simple pour le prévisionniste
amateur. Cependant, l'ile est balayée par les vents, et un dicton prend
ici tout son sens : "après la pluie, le beau temps !". Sur un
malentendu, un non initié tire parfois son épingle du jeu, mais le plus
aguerri des traqueurs d'aurores connait aussi la valeur du flair. Pour
ma part, je m'accomode d'une ligne oscillant entre pragmatisme et
sixième sens. Et puis, Météo
Islande c'est du sérieux !
Nous voici donc repartis pour les fjords de l'est, car il s'agit de la
seule région susceptible de proposer un spectacle décent. Nous
entreprenons 12 heures de route, de nuit, puis de jour, pour profiter
d'une éventuelle ouverture. C'est une réussite, la nuit qui suit
a la saveur des grands moments. Dans un paysage hors norme,
et un silence impressionnant, nous capturons des instants éphémères et
délicats. A l'instar des soirs d'excitation sur le Jökulsárlón,
ici les éléments se conjuguent et suscitent une grande plénitude.
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Photo. CS2014_D7A1640 - Aurore boréale
sur le fjord
Reydarfjördur
-
Islande, mars 2014
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Photo. CS2014_D7A1345 - Aurore boréale
sur le fjord
Reydarfjördur - Islande, mars 2014
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Ce genre
spectacle ne se prend pas, il se gagne. Savoir se placer, sans cheville
blesser, en prospectant, de nuit, des bords de mer chaotiques. Ici, le
précipice, le trou béant, c'est ton prochain pas. Alors, je décidais
qu'il n'y a pas de fatalité, "un pas après l'autre" j'ai trouvé un
endroit pas trop instable pour installer mon trépied. J'aurais eu tort
de me priver du spectacle...
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Photo. CS2014_D6A8832 - Aurore boréale
sur une plage
de Keflavik - Islande, février 2014
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CS2014_D6A9296 - Aurore boréale
Keflavik - Islande, février 2014
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L'Islande
c'est aussi cela : des dizaines de photographes devant le Jökulsárlón et
pourrissage en règle de l'avant-plan. Restons zens... :)
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Photo. CS2014_D7A7854 - Pullution
lumineuse sur le
lac Jokulsarlon
- Islande, février 2014
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Matériel et
réglages
Préambule - si
vous possédez un apn compact à petit capteur, et vous
posez la question : puis-je photographier les aurores boréales avec mon
compact et mon trépied acheté à l'hypermarché la semaine dernière ? je
réponds oui. Le résultat ne sera simplement pas au niveau
de ce que vous présentent la plupart des photographes amateurs avertis,
experts ou professionnels, utilisant
des boitiers haut de gamme récents.
Pour cette première saison de chasse aux aurores, je dispose de deux
boitiers Nikon. Un D600 au capteur FX et un D7000 au capteur DX. Si les
deux boitiers donnent de bons résultats, la gestion du bruit iso est
meilleure sur le plus grand capteur. Néanmoins, le petit capteur reste
utilisable avec des optiques très lumineuses, jusqu'à 1600 isos. La
qualité des objectifs est essentielle. Chez Nikon, le 14-24/2.8 est un
must. Je l'associe au D600. Il est complété par un Samyang 24/1.4 pour
le D7000.
Les réglages habituels pour le D600 sont :
14-24/2.8 à F/2.8
BdB auto (avec ou sans mesure préalable)
mode manuel
de 2 à 8s de pose
3200 isos
D7000
24/1.4 à 1.4 ou 1.8
BdB auto
mode manuel
de 4 à 10s de pose
1600 isos
Prévoir un trépied sérieux, l'Islande est un pays bien ventilé.
Pour
la saison 2015, je tourne définitivement la page du DX, le D7000 est
remplacé par le Nikon DF, un surdoué de la prise de vue nocturne.
=>
Aurores boréales en Islande, fev/mars 2015
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